La Révolution
Comme partout en Île-de-France, Bagnolet connaît, à la veille de la Révolution, des mauvaises récoltes et le rigoureux hiver 1788-1789.
Comme partout, on y respecte de moins en moins les règlements de la Prévôté.
Mais le village s'est enrichi sous l'Ancien Régime, et les paysans, devenus propriétaires, pratiquent une agriculture diversifiée et lucrative : le petit vin se vend facilement aux barrières, faute de concurrence, et l'arboriculture alimente la cour et la bourgeoisie parisienne en produits de luxe. Rien ne les pousse à remettre en question cette notabilité durement acquise : durant cette époque troublée et tout au long du XIXe siècle, Bagnolet sera marqué par un puissant conservatisme.
Les cahiers de doléances rédigés par les Bagnoletais lors de la convocation des États généraux de mai 1789 stigmatisent bien les derniers privilèges nobiliaires en réclamant l'égalité devant l'impôt, mais les revendications sont essentiellement corporatistes et renouvellent leur fidélité à " l'église catholique apostolique et romaine ". Les signataires, pour la plupart de riches vignerons, réclament la suppression des droits d'entrée du raisin dans Paris et le réaménagement des taxes qui frappent leur vin (le petit vin gris produit à Bagnolet subissait la même imposition que les bordeaux et les bourgognes supérieurs, ce qui pouvait tripler le prix du vin vendu au-delà des barrières). Ils réclament également de pouvoir enlever gratuitement les boues et immondices de Paris qu'ils utilisent comme engrais. Revendications bien sages que fustigera un texte pamphlétaire d'origine incertaine : le Bill des habitants de Bagnolet, Charonne et autres lieux, pour servir de suite à la pétition des Six-Corps, au nom des paysans les plus pauvres et des journaliers, nombreux dans ce type d'agriculture.
Si l'on excepte la présence de comploteurs contre-révolutionnaires réunis par le baron de Batz au pavillon de l'Ermitage, alors encore sur le territoire de Bagnolet, la commune vit cette période sans encombres mais aussi sans événements marquants. Jean-Pierre Maurice est élu maire de la première municipalité en 1790. Il ne reste pratiquement plus rien du parc et du château qui firent les " beaux jours " de Bagnolet sous la Régence. Le parc est déboisé, morcelé et loti dès 1770. En 1792, le hameau de Ménilmontant, qui dépendait de la paroisse de Bagnolet, est rattaché à Belleville, première d'une série d'amputations que connaîtra le village durant la seconde moitié du siècle suivant.